Jean-Philippe arrive à 17 heures comme d'habitude pour dîner avec moi. On parle de choses et d'autres; souvent il a une vision assez juste . Il travaille toujours beaucoup.

Dans un brillant article intitulé "Pivot et son peuple" Philippe Muray fait une formidable description de Pivot : "sa bonasserie postillonnante,...ses yeux ronds de poisson des Alpes, ...ses extases d'épicier empâté,...". Il explique comment il a détruit la littérature française avec ses émissions télévisées. Je me souviens que mon père adorait le personnage et ses émissions; il ne lisait jamais.

Magistral récital de la pianiste chinoise Jia Zhong à la mairie du 4ème. Déjà vu plusieurs fois, elle a pris de l'ampleur et de l'assurance. Les morceaux chinois inspirés du folklore, de thèmes populaires et de la nature sont gais, lumineux, profonds. En deuxième partie, un choix tout aussi intéressant de morceaux de Debussy, Saint-Saëns et Chopin. On sort heureux...

Froid et triste c'est l'hiver
Prise de sang mensuelle pour le TP-INR
Aéroport Charles de Gaulle
Jing s'envole
Nouvel An Chinois
Je reste tout seul moi.

Philippe Muray utilise beaucoup l'italique pour faire ressortir des mots importants dans son argumentation. Ainsi lorsqu'il parle, dès sa préface, de jeunes du faubourg Saint-Antoine anti-lepénistes, je cite, "tous comme il se doit artistes, créateurs de mode, gens de communication, organisateurs de vide-greniers et de dîners de rue,". Cela rend ses articles particulièrement vif et drôle.

Sur Arte documentaire à partir des premiers témoignages de survivants d'Auschwitz-Birkenau. Lecture en "off" de leurs récits qui s'entrechoquent, se répondent ou se complètent du voyage dans les fameux wagons - dont on a tant parlé - à l'arrivée au camp jusqu'à la mort... Pas d'images. Parmi ces survivants une femme et un médecin. Terrifiant.

I wish I knew, Histoires de Shanghai de Jia Zhangke avec son actrice fétiche Zhao Tao, magnifique de grâce, qui fait le lien, en se promenant dans les gravas des destructions pour "moderniser" la ville ou sous la pluie, entre différents témoignages de témoins directs ou des enfants sur l'histoire de la ville des années 30 à l'exposition universelle de 2010. L'ensemble de ces témoignages participe de la Grande Histoire de cette ville complexe, multiple, riche. C'est la mémoire du peuple et Jia Zhangke poursuit son travail de mémoire en filmant comme il l'avait déjà fait pour Chongqing par exemple.

Commencé la lecture de Philippe Muray -Exorcismes spirituels III- recueil de chroniques sur la société française autour des années 200O publiées dans différentes revues et journaux.
Philippe Muray, décédé en 2006, professeur de littérature, a été sorti de l'oubli et de sa relative confidentialité - grâce à son classement de "nouveaux réactionnaires" par les bien-pensants - par Fabrice Lucchini qui le lit lors de ses lectures publiques. Féroce, lucide, vigoureux. Et surtout du style et de l'humour.
Lecture agréable.

J'écoute les premières minutes de l'émission politique du dimanche soir sur France-Inter, l'invitée est Eva Joly, candidate à l'élection présidentielle de 2012, rien que ça! Elle parle de défendre des valeurs -c'est quoi ça? - et de fermer la filière nucléaire, bigre, cela me fait froid dans le dos...J'éteins et j'écoute un CD de Chabrier.

Visite du musée Cognacq-Jay, fondateurs de la Samaritaine, couple sans enfant qui a légué à la Ville de Paris une très belle collection de meubles, de tableaux, de terres cuites ... XVIII ème. La première salle comporte quelques Canaletto et même un Tiepolo. L'idée m'était venu mardi lors du passage de notre groupe de randonneurs devant la Fondation Cognac-Jay très réputée, à Rueil-Malmaison, située dans un grand parc. Le couple Cognac-Jay, très fortuné, étaient de grands philanthropes. Mot que les riches n'utilisent plus beaucoup de nos jours...

Après trois jours de polémique déclenchée par Serge Klarsfeld Céline a été retiré, par le ministre de la Culture, de la liste des "Célébrations Nationales pour 2011". Cinquante ans après sa mort il est encore capable de faire parler de lui... Tout le monde donne son avis, comme toujours en France, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, considère que c'est un salaud...
Fallait-il inscrire Céline sur cette liste ? A quel titre ? Peut-on aimer l'écrivain sans partager ses opinions ? Encore beaucoup de confusions...La France a vraiment un problème avec sa propre attitude pendant l'occupation et son vieil antisémitisme d'avant-guerre.
Dès que la polémique a commencé chacun en connaissait l'issue...Encore du n'importe quoi ministériel.

La Révolution Tunisienne - puisqu'on l'appelle ainsi - va-t-elle transformer le pays? rétablir les libertés fondamentales? une démocratie? La gauche se réjouit franchement mais la droite semble inquiète et notre gouvernement est muet, il a "pris note" selon le communiqué officiel de l'Élysée du départ de Ben Ali le dictateur.

Hier après-midi promenade avec le groupe de la MGEN à Rueil-Malmaison. Je redoutais de me retrouver en pleine ville, finalement dès la sortie de la gare on longe la Seine en suivant un chemin bien aménagé. Il y a des canards en nombre, j'ai photographié un couple de cygnes...On doit traverser la N13, puis on revient en longeant la forêt de la Malmaison; il reste pas mal de nature préservée, si près de Paris c'est un peu étonnant.
Partout on sent l'ombre des Impressionnistes.

Finalement l'affaire tunisienne et la dernière controverse à propos du livre d'Alexandre Jardin traduisent simplement le fait que la bourgeoisie défend ses propres intérêts avant tout autre chose contrairement à ce qu'elle claironne sans cesse : "l'intérêt général" ... "l'intérêt de la France"...Tu parles !

Encore Alexandre Jardin à la télé pour parler de son grand-père Jean Jardin qui fut directeur de cabinet de Pierre Laval pendant les années les plus noires de la collaboration - en particulier lors de la rafle du Vel'd'hiv. Grand-père qui ne fut pas inquiété à la Libération. Son père Pascal Jardin a écrit plusieurs livres parlant de son père en le présentant comme quelqu'un de "bien", l'un de ces livres fut d'ailleurs dédicacé par François Mitterrand lui-même. Alexandre Jardin a, d'ailleurs, intitulé son livre "Des gens très bien". On a du mal à comprendre cette époque; je crois, finalement, que la meilleure grille de lecture est l'attitude éternelle de la Bourgeoisie et de la droite qui est toujours pour le pouvoir en place, sauf quand c'est la "Gauche" toujours illégitime. Et que tous ces gens biens travaillent dans l'intérêt de la France...

L'attitude du gouvernement français -représentant la France- soutenant le dictateur régnant sur la Tunisie depuis 23 ans est strictement incompréhensible et affligeante. Le ministre des Affaires Étrangères allant jusqu'à proposer ses services pour le maintien de l'ordre... La France de Sarkozy est vraiment au plus bas mais n'a rien pu faire contre tout un peuple qui a chassé ce-dit dictateur...

Houellebecq -fin- la description finale d'une France complètement désindustrialisée et livrée au tourisme et à l'artisanat ayant réinvestie les villages, dans les années 2020, est terrible mais très appropriée... C'est l'adjectif qu'il emploie constamment dans ce roman. Mais les habitants instruits semblent heureux et coexistent dans la tolérance.

Houellebecq -suite- écrit une fin très forte avec sa vision du monde tel qu'il est, non sans humour, en particulier lorsque les gendarmes découvrent son cadavre et qu'il se lance dans une description des asticots, des mouches qui virevoltent autour du cadavre. Je le cite:"Eh bien, l'écrivain connu servait maintenant de support nutritionnel à de nombreux asticots..."

Suite de la lecture du dernier Houellebecq. Les dernières pages de la deuxième partie sont vraiment fortes, c'est à dire juste avant sa mort qui constitue le début de la troisième partie. Je le cite :"... vous avez raison; ma vie s'achève, et je suis déçu. Rien de ce que j'espérais dans ma jeunesse ne s'est produit." Un peu avant lors d'un dialogue avec son visiteur : "Vous avez choisi une vie calme..." dit Jed. Réponse de Houellebecq "- On approche de la fin; on vieillit tranquillement."

Deuxième journée de repos pour Jing depuis Noël, on va déjeuner à la "Main d'Or" à notre table : salade de lentilles avec un œuf poché tiède, belle cuisse de canard confit avec du chou braisé cuisiné, gâteau maison, café. Deux frères corses, sympathiques tiennent cette brasserie de quartier pour habitués, en face du Square Trousseau. Plus tout jeune ils cherchent, malheureusement, à vendre, il faut en profiter.

Les soldes approchent... A 16 heures, à la sortie de son travail, on va avec Jing à notre boutique-stock "Max Mara"; elle y trouve une chemise originale et une robe-pull "Rodier" en laine angora très agréable à porter.

Promenade hivernale ensoleillée autour du Pont-Neuf et de la Passerelle des Arts. Site, rappelons le, classé au Patrimoine Mondiale de l'Humanité par l'UNESCO. Il le mérite bien.

Conférence à la BILIPO d'Odile Krakowski autour de son livre "Les femmes bagnardes". Ancienne conservatrice aux Archives Nationales, elle a passé des années à rechercher et trier des archives des bagnes coloniaux - elle a en particulier découvert de très nombreuses archives, abandonnées, à la prison de Saint-Martin-de-Ré. Triste vie de la plupart de ces femmes, la plupart du temps sans possibilité de retour - on parle de "guillotine sèche" - Louise Michel étant l'exception. Un des buts de l'administration était de les marier...pour leur reclassement.

Manuel Valls (PS) apporte des arguments à la droite la plus réactionnaire dans sa haine des 35 heures. A deux jours du quinzième anniversaire de la mort de François Mitterrand on est au degré zéro de la politique.

Je découvre depuis quelques temps - en particulier en "rando" - la beauté des arbres que je photographie avec plaisir...

Commencé la lecture du dernier Houellebecq, c'est l'auteur contemporain - c'est à dire qui dépeint notre époque - par excellence.
Il aura fallu attendre des années, toujours cet esprit conservateur français, pour qu'il obtienne le Prix Goncourt... "La carte et le territoire" n'est pas son meilleur roman, le plus fort, force qu'on lui a, évidemment reproché mais son style est là : phrase courte, acérée avec des points virgules, utilisation de nombreux adverbes...
On rit souvent, même s'il n'y a plus les excès que j'aimais.

Promenade au Parc de Sceaux avec le club des retraités de la MGEN. On se retrouve avec plaisir, on prend des photos. On a fait le tour de la grande et belle pièce d'eau gelée.

La fin de la lecture du "Clemenceau" de Michel Winock me laisse sans souffle...Clemenceau (1841-1929) a participé à la vie publique pendant plus de soixante ans : la défaite de 1870, la Commune, l'affaire Dreyfus, ... député, sénateur, Président du Conseil enfin la Grande Guerre, ses derniers efforts seront pour construire une paix durable avec l'Allemagne... On sait ce qu'il en sera... Finalement la grande conviction qui le guida, pendant tous ses combats, a été de construire une République laïque durablement installée.

Visite, avec Agnès, de la belle et importante rétrospective Piet Mondrian au Centre Pompidou avec, en prime, quelques salles sur la revue De Stijl à laquelle Mondrian a contribué. Passionnant de voir la démarche de Mondrian qui partant du Fauvisme et du Cubisme arrive à l'abstraction géométrique. En particulier son travail à partir des arbres. Une quête de la beauté...
Quand à De Stijl, précurseur du Bauhaus, quelle foisonnement dans toutes sortes de domaine en particulier de l'habitat.

Premier jour de l'année 2011, où tout le monde se souhaite le meilleur, pourquoi ne pas la commencer en citant à nouveau la philosophe Simone Weil : «Le présent, nous y sommes attachés. L'avenir, nous le fabriquons dans notre imagination. Seul le passé, quand nous ne le refabriquons pas, est réalité pure.»
Simone Weil - La Pesanteur et la grâce