Dernier jour d'un mois de mai épouvantable. Aujourd'hui pas une minute de soleil, vraiment pas une minute ! C'est dur de ne pas voir le soleil, surtout à cette saison.

On va rue Saint-Paul rendre visite à Madame Bienvenu, notre antiquaire, dans son magasin qu'elle tient depuis plus de quarante ans "Les Neiges d'Antan" - le Village Saint-Paul n'existait pas encore. Retour à pied où je prends cette photo, j'ai eu l'impression que le gros bloc de l'Opéra Bastille se trouvait dans le même plan que l'Église Réformée du Marais.

Depuis hier Georges Moustaki repose en paix au cimetière du Père Lachaise, pas très loin d’Édith Piaf avec laquelle il vécut une folle passion... Ce n'est pas très loin, on ira à la première occasion.

Lecture de "La route de la Kolyma" de Nicolas Werth. Le spécialiste du Goulag stalinien part dans ce grand nord à l’extrême est de la Russie à la recherche des vestiges et traces du Goulag où des habitants survivent - de moins en moins nombreux - dans des conditions difficiles, même maintenant, pratiquement abandonnés de tous, mais ne pouvant aller ailleurs. Il recueille ainsi les derniers témoignages. Région inaccessible, les prisonniers arrivaient par bateau de Vladivostok au petit port de Magadan, capitale de la région. On se demande toujours comment tous ces "zeks" - prisonniers du Goulag - survivaient, même si la mortalité était effrayante.

« Kolyma, Kolyma, ô planète enchantée / l'hiver a douze mois, tout le reste c'est l'été. » - Maxime russe.

L'hiver m'a rattrapé. J'ai la "crève". Je reste au chaud toute la journée. Jing file voir Pei...

"Comme nombre d'entre vous, je suis de ceux pour qui une journée passée sans avoir eu un livre en main est une journée foutue." Première phrase d'une chronique du chanteur Dominique A dans le Monde des livres de cette semaine. Je la prends à mon compte...

Pour vivre ma vie en la rêvant - J'ai suivi le soleil et le vent
Sans jamais mettre une goutte d'eau dans mon vin - J'ai fait de chaque jour un festin.
Exergue du site de Georges Moustaki.


"Ma liberté, longtemps je t'ai gardée,
Comme une perle rare,
Ma liberté, c'est toi qui m'as aidé à larguer les
amarres.
Pour aller n'importe où, pour aller jusqu'au bout
des chemins de fortune,
Pour cueillir en rêvant une rose des vents sur un
rayon de lune."...

On le savait très malade mais l’annonce de sa mort nous touche. Georges Moustaki était un des derniers grands de la Chanson Française. Il m'a accompagné pendant plus de quarante ans ! Ses chansons résonnent sans cesse dans mes oreilles.
Je l'avais vu dans le quartier de La Bastille il y a quelques années.
Un humaniste sensible qui savait regarder notre monde avec générosité et lucidité. Il a beaucoup écrit pour Serge Reggiani qui nous manque aussi et d'autres (Barbara,...).

"Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés
Qui me donnent l'air de rêver
Moi qui ne rêve plus souvent
Avec mes mains de maraudeur
De musicien et de rôdeur..."

Une belle matinée de soleil. Je fais "le tour du quartier" comme j'ai l'impression de ne l'avoir pas fait depuis longtemps.

Il pleut pratiquement sans interruption depuis dimanche, il paraît que c'est très rare à cette époque de l'année. De plus il fait froid. Et moi qui aime le soleil... Le doux soleil sans chaleur excessive.

"Une vie simple" de Ann Hui, film magnifique, comme touché par la grâce. Une vieille domestique Ah Tao, interprétée par Deannie Yip, au service d'une famille depuis quatre générations à Hong-Kong fait un infarctus. Elle doit alors rentrer en maison de retraite. Roger,interprété par Andy Lau, grand acteur-chanteur hongkongais, le dernier membre de la famille, producteur de cinéma, voyageant sans cesse, travaillant beaucoup décide néanmoins de s'occuper d’elle et va l'accompagner jusqu'à la mort. Une grande complicité s'établit, naturelle et spontanée, entre ces deux acteurs dans une mise en scène et une direction précises. On entre vraiment en empathie avec Andy Lau, immense star que je ne connaissais pas.

Aller-retour malgré la grosse pluie annoncée - je rentrerai trempé jusqu’aux os - jusqu'au parvis de l'église Saint-Germain-des-Prés où le Festival Jazz à Saint-Germain propose comme chaque année une scène au jazz "féminin". Aujourd'hui à 16h, c'est la jeune saxophoniste Lisa Cat-Berro avec son quartet qui joue. Du bon jazz, guitare, basse, batterie avec de bons musiciens pour l'accompagner. Malheureusement la pluie arrive et je ne peux que passer.

Tour classique du samedi après-midi. Accrochage du vélo à côté de la statue de Montaigne en face de l'entrée principale, réservée aux grandes occasions, de la Sorbonne. Joseph Gibert -pas Gibert Jeunes - qui changent encore l'emplacement de ces rayons (des rotations qui durent depuis que je fréquente ce magasin). Jardin du Luxembourg. Les palmiers, les lauriers roses et autres grenadiers sont en place, pour l'été, autour du bassin. Aujourd'hui avec le printemps froid et humide ils n'ont pas l'air d'être à la fête et ils manquent de fleurs.

Annette Wieviorka fait le point sur Auschwitz-Birkenau comme lieu de mémoire dans son livre "Auschwitz, 60 ans après". Historienne, elle a consacré toute son énergie et ses études à la déportation et la spoliation des juifs, la Shoah et surtout Auschwitz. Birkenau et "la solution finale" occupent une grande place : sa construction, ses équipements d'extermination, sa préservation et sa visite comme lieu mémoriel. Elle se pose la question de savoir ce que retient le visiteur de sa visite ?

Lecture de "Le Ciel sur la tête", troisième roman de Nan Aurousseau que j'ai découvert récemment. Du vécu comme dirait Céline, puisqu'il s'agit de la répression dans une prison de jeunes après une mutinerie. Il dénonce évidemment la vie en prison qu'il a lui-même connu après une condamnation de 6 ans suite à un braquage commis à l'âge de dix-huit ans. Du roman populaire plein d'humanité.

Lundi de rentrée : gym avec Dominique et produit scalaire avec Christelle. Je reprends "mes activités".

Puces de Saint-Ouen pour chercher quelques meubles. Cela faisait bien longtemps que je n'y avais été. Peu de bons généralistes qui "font des meubles" - c'est fatigant et difficile à vendre. Mais toujours de la marchandise en veux-tu en voilà. Chacun peut y trouver son bonheur. Pour déjeuner une bonne pizza dans un restaurant tenu depuis plus de trente ans par un napolitain bon teint parlant avec les mains et plutôt cher.

Lecture de "Cinq femmes chinoises" de Chantal Pelletier qui n'est pas une sinologue mais plutôt une spécialiste de littérature noire. Elle trace cinq portraits successifs de femmes liées par des liens de parentés qui s'entrecroisent. Portraits sans concession qui montrent bien la dure réalité de la vie chinoise et des rapports familiaux "compliqués".
En arrière-plan, le développement économique fulgurant de ces dernières années, la recherche de l'enrichissement de chacun, les soubresauts de l'histoire, la restitution de Hong-Kong font de ce livre une belle description de la société chinoise actuelle.

Visite, hier, de la belle exposition, à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, en hommage à Charles Trenet - année du centenaire de sa naissance. En France, on aime les commémorations nationales... Ce qui m'a frappé c'est le nombre d'artistes qu'il a pu rencontrer durant sa longue carrière, des années 30 à la fin des années 90 et son comportement sans compromission, et plutôt courageux, avec l'occupant pendant l'occupation allemande. Dans le bouillonnement artistique des années 30 à Paris il rencontre le Surréalisme avec Max Jacob, la Poésie avec Jean Cocteau - qui serra le premier à lui prédire un grand avenir - la salle mythique de l'ABC verra son premier triomphe le 25 mai 1938 - mais aussi Antonin Arthaud, Paul Léautaud (belle photo de Léautaud jeune!)... Pour la musique c'est le Jazz qui l'a marqué, il rencontrera lors de son séjour aux USA tous les grands jazzmen. Il fera la connaissance de tous les grands de la chanson française : Maurice Chevalier, Edith Piaf, Jean Sablon, Patachou, Georges Brassens, Charles Aznavour...

Jeudi de l'Ascension mais aussi Journée de l'Europe. Elle est bien malade ma chère Europe... malgré les petits drapeaux européens qui pavoisent les bus de la RATP !

68ème anniversaire du 8 mai 1945. Ce jour-là cessent les terribles combats de la Seconde Guerre mondiale en Europe, au lendemain de la capitulation allemande. Capitulation sans condition, elle est signée à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai où se trouve le quartier général des forces Alliées, par le général Alfred Jodl, le chef d’état-major de la Wehrmacht.

Eva Joly était là, aussi, dimanche, pour la "Marche pour une 6ème République"... J'allais oublier de la citer ! La pauvre.
Je l'ai entendu bafouiller quelques phrases dans son français si particulier et si drôle à la radio le soir même.

En réalité, hier, la marche pour la 6ème République a rassemblé les derniers militants communistes - il en reste ! - et, en particulier, les derniers élus, grâce à la bienveillance du PS, préparant leur réélection. Les bataillons classiques des retraités de la CGT étaient là. Le Parti de Gauche, finalement, n'aidant qu'à la survie du PCF... dont la seule idée est justement de survivre !

Vive la Sociale ! La Jeune Garde ! Elle descend sur le pavée ! Prenez garde ! L'Internationale sera le genre humain...
Un peu d'Utopie... De Bastille à Nation Mélenchon a bien fait les choses.

Avant notre départ et retour à Paris repas de crêpes à la "Crêperie de l'Ic" à Binic. L'Ic c'est la rivière côtière qui traverse Binic. "Esprit routard" comme j'aime. Une galette à l’œuf, une autre à l'andouille, rustique et délicieuse, une crêpe au sucre ou caramel salé pour finir. Un pichet de cidre brut frais. Le patron était content de nous revoir car nous avions déjà mangé le samedi de notre arrivée alors qu'il faisait froid, vraiment froid. Il n'y avait pas grand monde, nous avions parlé de choses et d'autres. Aujourd'hui des habitués remplissent la salle bien décorée.

Visite du petit musée sur la vie passée à Binic. Une doris, bateau à fond plat de cinq mètres de long environ, rappelle qu'au XIXe siècle, Binic connut son apogée en devenant, en 1845, le premier port français de pêche à la morue à Terre-Neuve. Le port recevait alors annuellement 150 à 160 navires.
On a peine à imaginer les conditions incroyablement dures de la vie des hommes, les terre-neuvas, à bord de ces navires.
Les navires partaient pour une saison de pêche de 6 à 7 mois avec des équipages de 20 à 30 hommes. Une fois le bateau arrivé sur les bancs, les doris étaient mis à la mer avec deux hommes d'équipage et pêchaient toute la journée la ligne dérivante Le métier de terre-neuvas était un métier très éprouvant pour les hommes, travaillant à découvert sur le pont dans des conditions météo très difficiles, dans le froid et l'humidité. La mortalité et les pertes de navires étaient importantes en raison d'accidents à bord, des pertes de doris dans la brume, de tempêtes ou de rencontres avec des icebergs.

Sur le chemin des douaniers - c'est le GR 34 qui permet de faire à pied le tour de la Bretagne - accidenté avec des vues superbes sur la baie de Saint-Brieuc. Ensoleillé mais très froid. Des primevères, des genêts, des pissenlits. Des fleurs de printemps mais encore peu de bougeons aux arbres après cet hiver froid et qui tarde à nous quitter.