Je viens de finir "Vernon Subutex" (tome 1) de Virginie Despentes. Un livre écrit dans une langue de notre époque qui parle de notre société contemporaine avec noirceur et efficacité. Tous les maux y passent. Des phrases mitraillettes, peu de virgule on n'a pas le temps de souffler. C'est l'histoire de la déchéance d'un disquaire spécialisé dans le rock, ayant connu une star décédée d'overdose, qui a tout perdu. Tout le milieu- un monde cruel - le recherche, dans tout Paris, pour exploiter des vidéos inédites de cette star qu'il posséderait. Livre salué à juste titre par la critique.

J'assiste comme l'année dernière à l'émouvante cérémonie du souvenir des victimes de la Déportation organisée au Gymnase Japy dans le 11ème - arrondissement particulièrement touché puisque 10% des Juifs Français assassinés par les Nazis y habitaient et beaucoup sont passés par ce gymnase avant d'être déportés. Deux discours de qualité. Le Chant des Marais, Nuit et Brouillard. La Prière des Morts récitée par le Rabbin emporte l'émotion quand la liste des camps est égrenée - Treblinka, Auschwitz, Buchenwald, Mauthausen,... N'oublions jamais.

Week-end de routine, je reste dans le "quartier". Cours de math de 6ème sur le périmètre et l'aire ce matin. Réparation d'une crevaison. Demain j'irai au marché d'Aligre puis au gymnase Japy pour la Cérémonie du souvenir des victimes de la déportation puisque le dernier dimanche d'Avril est décrété "Journée Nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation". J'ai besoin d'un peu de transcendance...

J'ai découvert récemment que mon blog possédait un moteur de recherche. Ce qui me permet de rechercher une entrée ancienne, une date mais, aussi, mes goûts pour certains artistes qu'ils soient écrivains, peintres, musiciens... Parfois il s'agit d'une simple allusion, parfois plus. Gaston Chaissac 8 entrées Dubuffet 7 entrées Chagall 12 entrées Sollers 19 entrées Céline 20 entrées Trenet 16 entrées etc... Mais aussi mes humeurs. Le champion étant évidemment "Le clown-triste de l’Élysée" avec 20 entrées pour tout le mal qu'il a pu faire. Sans oublier Hidalgo avec 14 entrées pour sa détestation de Paris et des Parisiens...

Au programme du concert donné par le "Rotterdams Philharmonisch Orkest" dirigé par le Québécois Yannick Nezet-Seguin:
Haydn Symphonie n° 49 « La Passione » - Rachmaninov Concerto pour piano n° 4 - Tchaïkovski Symphonie n° 4.Magnifique concert plein d'énergie. J'ai particulièrement apprécié la symphonie de Tchaïkovski où le chef a su créer une ambiance incroyable entre, par exemple, les trompettes et les cors. Il jonglait avec les notes.

Quand à Yuja Wang, - dans une robe-fourreau comme elle aime - elle n'a pas manqué de virtuosité pour le concerto de Rachmaninov. Elle fut largement ovationnée...

Les cinquante ans de Mai-Juin 68 approchent. Les médias en parlent de plus en plus... Macron voulait même faire une célébration plus ou moins officielle avant d'y renoncer. Choisir une affiche de l'atelier populaire des Beaux-Arts n'est pas facile. Celle avec l'ami Cohn-Bendit reste pour moi une des plus marquantes. Jamais il ne se sera renié ce qui est, avouons le, bien rare. D'autres auraient pu convenir:"Sois jeune et tais toi"-La chienlit c'est lui- La beauté est dans la rue- etc...

Les fameuses affiches de mai-juin 68 sont évidemment là, dans le hall d'entrée de l'exposition réalisée aux Beaux-Arts "Images en lutte - La culture visuelle de l'extrême-gauche en France (1968-1974)" mais l'objet est de montrer les luttes de ce début des années 70-72 menées par les groupes gauchistes contre "le vieux monde" incarné par De Gaulle et le Parti Communiste. Lutte, violente parfois, dans tous les domaines, prisons, lycées, ateliers, usines, santé, culture, sans oublier l’emblème Renault, etc.. On voulait changer la vie ! 1974 sera l'année de l'élection de Giscard d'Estaing et du choc pétrolier... Un autre monde commence... pas forcément celui dont on rêvait... Les souvenirs de cette époque me sont revenus

Les trois poupées réalisées entièrement par Jing pendant des heures attendent sagement leur voyage vers la Chine. Sa petite nièce sera contente. Cela me fait plaisir aussi.

"Pendaison de crémaillère" chez Mei Juan et son mari - fin cuisinier. Ils viennent d'acheter un agréable deux pièces avec une terrasse bien exposée à Créteil proche de la gare RER "vert de Maisons". Une belle après-midi autour de "p'tite sœur", je l'appelle ainsi, à la chinoise, une âme généreuse sans arrière-pensée. On pignoche, on sable le champagne, on parle fort, on rit. Le dîner arrive et là il y avait à manger pour tout le monde... comme le montre la photo ci-contre.

Énième Concert "Mélomania"mais toujours autant de plaisir. Alain Kremski a fait revenir le pianiste Robert Millardet qu'il encense dans sa petite présentation habituelle. Au programme 4 impromptus opus 90 de Schubert puis la Ballade n°4 opus 10 de Brahms et enfin la Sonate n°32 opus 111 de Beethoven merveilleusement interprétée. J'ai trouvé un modernisme incroyable à cette Sonate avec des sonorités très jazz.

Avant première au Centre Pompidou de Mrs. Fang (方绣英, 2017) de Wang Bing en présence du petit Wang Bing dont je suis les films

- surtout des documentaires, parfois très longs - avec grand intérêt. Ils montrent la Chine réelle de ses habitants et non la Chine officielle de Xi Jingping. Le film retrace le calvaire des dix derniers jours de la vie de cette paysanne,née en 1948 à Huzhou dans le Fujian en 2016.

Alitée ne pouvant plus manger, plus parler elle est entourée de sa famille qui va et vient dans la modeste maison à la télé toujours allumée. Après sa mort la vie, lumineuse, reprendra son cours.

Journée interprofessionnelle de la CGT... On va sortir les gros ballons et rameuter tous les anciens et vieux cégétistes. La CNT et les anars viendront provoquer la police et casser des vitrines et du matériel urbain...
Verra-t-on ou non "la convergence des luttes"? Cela voudrait dire qu'il existe une solidarité entre tous les mécontents... Les pilotes de ligne d'Air France solidaires des "pompiers en lutte" ? Que sais-je ? Pure rigolade.

Une amie m'envoie un message où elle emploie l'expression "intérêt général"... J'y réponds immédiatement car depuis deux à trois semaines je suis entrain de me dire que je n'entends plus jamais cette expression. Grèves SNCF, "blocages" des universités par 40 individus, Zadistes violents, personnel des EHPAD, etc... Sans oublier les pilotes d'Air France, grassement payés, jamais contents. C'est l'esprit "gaulois" que maintenant j’exècre. On ajoute du désordre au désordre...

Les toits de Paris seront-ils inscrits au Il en est question. Ils le méritent. Ils sont vraiment uniques et caractéristiques. Je les trouve, évidemment très beaux.

Photo prise, vendredi matin, du sixième étage du Centre Pompidou.

Ce week-end le Conservatoire du XIIe présente "Roméo et Juliette" de Charles Gounod - année du bicentenaire de la naissance de celui-ci. L'orchestre de Jean-Michel Ferran n'ayant pu s'installer en raison de l'incompétence de la Mairie, ce sera une pianiste qui accompagnera la soirée.

On connaît tous l’inimitié des Capullet et des Montaigu, deux familles de Vérone qui rendra impossible l'amour de Roméo et Juliette et leur fin tragique. Comme toujours de la qualité - chœur et mise en scène efficaces, une Juliette crédible.

Invité ce matin par Le Monde pour une visite avec conférencière de l'exposition au Centre Pompidou "Chagall, Lissitzky, Malévitch. L'avant-garde russe à Vitebsk. 1918-1922".

Chagall après son rapide apprentissage à Paris rentre en 1914 à Vitebsk sa ville natale où il épousera Bella. Coincé par la guerre puis la Révolution de 1917 il obtiendra l'autorisation de créer en 1918 une école d'art populaire, gratuite, ouverte à tous.
Ci-contre un projet de panneau décoratif de Vitbesk pour le 1er anniversaire de la Révolution d'Octobre intitulé "Paix aux chaumières, guerre aux palais" (1918)

L'aventure durera jusqu'en 1922 en raison de la rivalité avec Malévitch créateur du"Carré noir sur fond blanc". Père du Suprématisme - constructions géométriques avec trois couleurs le blanc, le noir et le rouge. Plus de volumes comme chez El Lissitzky - architecte de formation. Sans cesse à la recherche de la forme pure, d'une spiritualité et peut-être d'une religiosité avec ses croix...
Ci-contre "Croix rouge sur un cercle noir (après 1914)

Belle petite exposition au Musée Cernuschi "Parfums de Chine" - réalisée avec le musée de Shanghai - consacrée à l'art de l'encens et du parfum. Art au même titre que la Calligraphie et la Musique dans la Chine ancienne comme le montre quelques peintures avec un lettré réalisant une calligraphie et/ou un musicien à côté d'un brûle-parfum. Des pieds en bronze en forme de dragon, des boutons en jade à motifs de paons, des porcelaines "bleu et blanc" de Jingdezhen décorées de phénix, etc... Des merveilles.

Une belle pièce provenant de la Collection de Zao Wou-Ki. Un brûle-parfum en bronze en forme de canard. (Dynastie des Han de l'Ouest 206 av.J.-C.-9 apr.J.-C.)

Exposition sur "La Commune de Paris" à la Mairie du XIe. 72 jours du 26 mars au 28 mai 1871 fulgurants. Dès le 2 avril - l'utopie avait déjà trop duré - Thiers et les Versailles se lancent dans une répression sanglante qui restera à jamais dans les esprits. Tout sera terminé après "la" semaine sanglante du 21 mai au 28 mai. Des arrestations, des exécutions, des déportations par milliers. Une désolation, restera "la montée au mur "- le mur des fédérés au Père Lachaise où furent exécutés les derniers communards - montée qui est devenue un symbole pour ceux qui ne veulent pas oublier.

"La veuve du fusillé" par Ernest Pichio (1877)

Fête du Club M.G.E.N salle Jean Dame en plein Sentier. Plutôt que de traîner j'y vais. Une belle salle agréable et moderne où j'assiste aux trois premiers numéros. La Chorale bien sûr - du classique sans surprise, le groupe de danse présente des danses d’Israël et enfin l'atelier lyrique qui présente des extraits de l'opérette française "Ciboulette" de Reinaldo Hahn (1923) a fait un choix intelligent qui m'a plu. Une bonne ambiance de patronage... pourquoi pas ?

Dans Le Monde que je reçois ce matin , double page sur Jacques Higelin mort vendredi " Chanteur et poète". Fasciné par Charles Trenet - son Maître - qui lui a fait découvrir le jazz et donné envie de chanter et qu'il a bien interprété. Ci-dessous le début de "J'fume" une des chansons de son dernier CD (2016):
En attendant que le fossoyeur me creuse une tombe au père Lachaise
Ou que j'me tape un saut de l'ange du haut du bord de la falaise
En attendant qu'une infirmière du pavillon des incurables
Aussi rusée que désirable me pique, me perfore, me ponctionne, me perfuse

En attendant qu'le temps s'arrête et qu'le ciel me tombe sur la tête, j'fume etc... Il sera inhumé jeudi après-midi au Père Lachaise...

Les fresques du Palais communal de Sienne d'Ambrogio Lorenzetti dite du "Bon et Mauvais Gouvernement" (1308-1309) dont je parlais le 5 avril m'ont donné envie d'aller à Sienne... Je suis admiratif de ces Républiques Italiennes - Gênes, Sienne, Venise, etc...- qui avaient une organisation sociale remarquable.

Robert Charlebois fête ses 50 ans de carrière par une tournée en France qui commence dans la belle salle au ciel étoilé du Grand Rex. Content d'avoir eu une invitation. Deux heures d'un beau récital avec toutes ses grandes chansons interprétées avec vigueur - je suis un gars bien ordinaire..., je reviendrai à Montréal,.. j'ai besoin de revoir l'hiver..., si j'avais les ailes d'un ange je partirais pour Québec..., Quand les hommes vivront d'amour il n'y aura plus de misère...

La Fondation Custodia réalise toujours des expositions passionnantes. Là il s'agit d'un peintre paysagiste français Georges Michel (1783-1843), peu connu certes, mais fortement marqué par les Hollandais du XVIIe en particulier Jacob Van Ruisdael (1628-1682). Citons Van Gogh qui admirait les œuvres de ce paysagiste :"... des routes sablonneuses et creusées conduisant à un moulin, ou un homme se rendant chez lui à travers la lande..., avec un ciel gris au-dessus...".

La Plaine Saint-Denis (vers 1810-1820)

"Nul homme n'est une île" du documentariste Dominique Marchais commence par présenter une fresque du Palais communal de Sienne d'Ambrogio Lorenzetti dite du "Bon et Mauvais Gouvernement" (1308-1309). Elle expose les principes d'une cité humaine - une ville d'artisans et de citoyens prenant part aux décisions entourée d'une campagne harmonieuse et laborieuse. Une belle allégorie revigorante. Puis on part du côté de Catane (Sicile) voir comment des agriculteurs se sont regroupés en coopérative - une vraie - pour survivre et ne pas disparaître dans un monde qui s'urbanise -autoroute, centre commercial, aéroport. Des photos saisissantes entre les champs d'orangers et cette urbanisation sauvage. Après on se retrouve en Suisse et Autriche avec des villageois confrontés au dépeuplement et comment architectes, maire font face - la qualité pour des meubles en bois, bénévolat pour associer la population à la reconstruction d'une école, etc...

Mona Ozouf dans "Confession française. Retour sur une enfance bretonne" raconte la Bretagne à la fin du XIXe siècle au travers de la vie de son père, militant breton, et de sa grand-mère. Page 65 elle raconte qu'à Lannilis en 1894 :["C'était une nouveauté que le "marc'h du"("le cheval noir"), et la gare était devenue un but de promenade: il ne s'agissait pas pour autant de prendre le train mais de rendre hommage à la modernité.] Je me souviens avoir été, en famille vers 1960, voir les avions de la terrasse d'Orly. Nous étions émerveillés. Je n'ai pris l'avion que bien plus tard... Parfois l'histoire se répète.

Quoi de mieux qu'une AG de copropriété pour observer la médiocrité de notre monde? Deux heures de petitesse, de mesquinerie où chacun parle de "ses" petits problèmes, bien loin de l’intérêt général... Mot inconnu des français de toute manière, je ne l'entends jamais.

Hier j'ai profité de la gratuité pour revisiter le musée d'art moderne au Centre Pompidou. Un parcours 1905-1965 très bien mis en scène et très pédagogique met en lumière cette époque que j'aime.

On commence par une belle présentation de Matisse, puis Braque, Picasso et le Cubisme, etc... Les grands mouvements De Stijl et le Bauhaus, les Surréalistes, Dada, CoBra,etc... Une époque d'une richesse incroyable. Pas facile de choisir une photo - Kandinsky, Fernand Léger, Braque, Dubuffet, Klee... Finalement ce sera Georges Braque, trop méconnu avec cette belle composition, et Fernand Léger le moderne par excellence.

Commençons le mois par la traditionnelle photo, en ce moment ce sont des photos d'objets qui me tiennent compagnie et même qui me parlent comme cette plaque de laiton commémorative de la création par Charles Christofle en 1842 de son industrie d'argenture et d'électrochimie. Regardons bien cette petite plaque magnifique témoignage d'une époque qui a inventé, créé, fait du beau...Sans oublier la Paix et la Justice.