Je souhaite revenir sur le livre de Edouard Louis dont je parlais hier. Avec cette citation (Edition du Seuil p.107) qui, je trouve, rend bien compte de l'ambiance et surtout des deux niveaux de langage:
[Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père. C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi. Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.]

Lecture du premier roman d'Edouard Louis - il avait 21 ans - "Pour en finir avec Eddy Bellegueule". Autobiographie sans concession de son enfance et adolescence dans un petit village picard - chômage, alcoolisme, violence. On comprend que la description de sa famille - en particulier de son père - a fait polémique... Un vrai choc. La force de ce récit vient des deux niveaux de langage, le français tel qu'il l'a appris et en italique les dialogues, les injures, les lieux communs entendus à longueur de journée. La découverte de son homosexualité lui rend cette vie impossible, une seule solution quitter ce milieu. Le récit se termine lorsqu'il deviendra pensionnaire au lycée d'Amiens dans une section théâtre. Livre dédié à Didier Eribon qu'il a eu comme professeur. Un auteur digne de Annie Ernaux et, pour moi, même Céline.

La ville de Saint-Cast a réalisé une "liaison piétonne" entre la grande plage et le port se trouvant près de la pointe de l'île . Magnifique promenade surtout à marée haute.

Encore une photo. Classique certes mais j'aime ce ciel tourmenté, très lumineux sur la grande plage où il fait bon se promener.

Retour en fin d'après-midi. Comme toujours pas facile de choisir une photo. Peut-être ce petit chemin pour gagner le GR34- "le chemin des douaniers". Bien vert sous un beau ciel bleu. Par ailleurs j'ai rarement vu autant de fleurs - genêts, primevères, campanules, églantines, etc... Magnifique printemps!

Départ imminent pour une semaine à Saint-Cast...Ce soir on dînera dans cette belle salle avec vue sur la mer et la grande plage.

Demain départ pour Saint-Cast-le-Guildo (Côtes d'Armor) dans cet ancien hôtel repris par le tourisme associatif (VTF). Deux heures de TGV jusqu'à Lamballe puis un bus en correspondance. Cela va nous reposer et changer les idées.

Jeudi routinier en attendant une semaine de vacances...

Macron "fait son malin" avec le terrible incendie qui a ravagé Notre-Dame - il veut reconstruire en cinq ans (pour les JO de 2024, je ne vois pas le rapport)... Intervention amenant des discussions stériles et sans fin comme on les aime en France...

Theodor Josef Hubert Hoffbauer (1839-1922) - artiste allemand établi à Paris - a réalisé cette belle vue de Notre-Dame (1881). Finalement en ce début de XXIe siècle pas de grand changement. C'est celle qui restera gravée à jamais dans ma mémoire.

[Aller-retour en vélo pour aller voir Notre-Dame sans toiture. Beaucoup de monde, un peu sidéré. Toute l'île de la cité était interdite. J'ai très peur de ne pas pouvoir retourner avant longtemps dans le jardin de l'Archevêché. Il va rester fermé sans doute en raison des travaux.

Un choc terrible quand un peu avant 20 heures j'apprends le grand incendie qui ravage Notre-Dame de Paris. Sidération et stupeur - on n'y croît pas - puis grande tristesse - c'est injuste... Paris est atteint au cœur.

[Combien de fois ces 20 dernières années suis-je passé en vélo sur le parvis? Combien de fois me suis-je assis dans le jardin de l’Archevêché derrière le chevet de la cathédrale ? Je pense aussi à mon grand-père, amoureux, tout comme je le suis, de Paris.]

Été jusqu'à République - par le Boulevard Voltaire c'est tout droit et plat. Place bondée par les algériens de France qui depuis les manifestations en Algérie se retrouvent le dimanche sur cette belle place. On pense à la famille, aux amis restés au pays.

J'aime cette ambiance d'un peuple qui espère. C'est toujours unique. Espérons, espérons... Des discours, des échanges entre amis, de la musique. J'ai pris un bon thé à la menthe - bien chaud...

Bien qu'à la retraite Jean-Michel Ferran -ancien directeur du Conservatoire du XIIe, apprécié de tous, - poursuit la tradition en montant un opéra avec les élèves. Cette année c'est "La Flûte enchantée" de Mozart dont c'était la première hier soir. Rien à redire, on sent une mobilisation générale - les musiciens de l'orchestre toujours au point, les danseuses, les artistes, les chœurs, les décors.

C'est le final, le chef d'orchestre applaudit "son" orchestre devant les artistes réunis sur scène. On est content. Je suis enthousiaste. Formidable projet pour ces jeunes et cela me permet de découvrir l'opéra.

Visite de l'église Notre-Dame d'Espérance rue de la Roquette. La beauté du lieu est saisissante quand on y pénètre. Vraiment une belle église "moderne" consacrée en 1997 dans ce quartier populaire - en remplacement d'une vieille église qui menaçait de s'écrouler.

Lumière, sérénité, beauté. La croix d'Espérance formée par une poutre de chêne du XVIIIe de Nicolas Alquin (Internet m'apprends qu'il est le fils de Pierre Alechinsky) est splendide.

Le voile de Carême l'a met en valeur et s’intègre bien. Un mobilier - autel, baptistère, etc - original qui recherche le "beau"... Le clocher élancé avec sa grande croix domine le quartier.

Passage par la rue Claude Tillier où quelque anarchiste, je suppose, a écrit en gros "état assassin" - cela doit avoir quelque rapport avec la façon dont le ministre de la police a réprimé le mouvement des gilets jaunes... Macron ne pourra pas s'en affranchir aussi facilement qu'il ne le pense. On commence à parler des violences policières,

souvent gratuites et voulues par le pouvoir. Content de voir que Plantu avec son dessin du Monde d'aujourd'hui aborde le problème... Finalement seuls les casseurs violents s'en sortent... La violence ne mène nulle part.

"Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France - 22 août 1914" est une étude détaillée et documentée de Jean-Michel Steg. Long développement pour expliquer comment l'Armée Française a perdu "la guerre de mouvement" en Belgique face à une armée allemande bien commandée et structurée. Joffre - chef des armées - en était encore aux "guerres Napoléoniennes" et n'avait pas pris en compte la puissance de feu terrible en ce début de XXe siècle. Le choc frontal de ces deux armées de masse fut terriblement meurtrier - par ailleurs la vie des soldats n'avait pas la valeur actuelle et n'entrait pas en ligne de compte dans les stratégies. Un chapitre est consacré aux massacres des populations civiles belges par les troupes allemandes - exécution de masse, déportation, etc... Lecture éclairante sur ces journées de fin août 1914 où l'avancée allemande a été stoppée sur la Marne. Il eut 27000 morts français ce jour...

Dessins de maîtres du Musée Pouchkine (suite) - Quelques 200 dessins présentés - au 1er étage du XVe au début XXe, au sous-sol les "Modernes". Un vrai régal. Kandinsky ouvre avec Klee, Picasso un peu décevant, Juan Gris, puis une salle consacrée à mon préféré Fernand Léger avec "Les trois fleurs et les dominos" de 1937 - composition où l'on retrouve tout son art qu'il développera après la seconde guerre associé à Henri Matisse, une longue carrière (1860-1954 à Nice)

Ci-contre "Les Baigneuses (composition n°II)" vers le 11 mars 1909. Du pur Matisse.
Une exposition exceptionnelle comme je les aime en cette belle Fondation Custodia.

Comme toujours la Fondation Custodia présente une exposition exceptionnelle " le Musée Pouchkine Cinq cents ans de dessins de maîtres". Très pédagogique et chronologique elle commence avec Dürer fin XIVe, Véronèse (XVIe), Bernin (XVIIe), les peintres

flamands (Rembrandt, Rubens,...)du XVIIe que j'apprécie par dessus tout comme cette "Kermesse de village" (1651) de van Goyen, Poussin, les classiques français XVIIIe (Watteau, Fragonard,

Greuze,...) ou cette Jeune femme endormie (1760)de François Boucher , voilà Tiepolo et Guardi, le XIXe français arrive Ingres, Corot, Delacroix, Daumier, Renoir, Degas, Maurice Denis, Moreau, Van Gogh, Toulouse-Lautrec... Citation arbitraire et aléatoire. Une grande promenade où il est difficile de choisir une oeuvre plus qu'une autre. Demain je continue avec les Modernes.

Ce soir récital de piano à quatre mains de Sarah Cabrol-Douat et Marina Kolomiytseva de l'école de Musique "La Piana" en cette magnifique Chapelle Eugène Napoléon (au bout de la rue...).

Un programme plein de joie : une sonate de Mozart(K381) puis quatre Danses slaves de Dvorak, quatre Danses Norvégiennes de Grieg et pour finir trois Danses Hongroises de Brahms. Je suis sorti tout ragaillardi d'un tel programme et plein d'allégresse.

"Jacquot de Nantes" (1991) d'Agnès Varda raconte l'enfance puis l'adolescence heureuse de son mari Jacques Demy (1931-1990). Un chef d'oeuvre d'affection et d'admiration pour celui qui, très malade, allait mourir peut après le tournage du film. L'idée est de mettre en image les souvenirs de Demy - qu'il écrivait- en noir et blanc avec des scènes ou des reprises de ses films en couleur.

On est en 1939 une vie heureuse autour du garage tenu par son père avec son jeune frère- on chante, on va au cinéma le dimanche. La guerre arrive, on se débrouille comme on peut mais on va plus que jamais au cinéma. Enfin les américains arrivent...

Le jeune Jacques veut apprendre le cinéma. Son père cédera. Du grand et beau cinéma. Les trois jeunes acteurs pour les trois périodes différentes avec Jacques Demy et Agnès Varda à la caméra.

Lecture de "François le petit - Chronique d'un règne" de Patrick Rambaud - écrivain prolifique qui aime la parodie - six livres sur Nicolas Ier (Sarkozy). Je souhaitai le lire depuis longtemps. Là c'est le règne de François le petit - récit chronologique de son élection aux attentats de 2015. Une charge humoristique très bien documentée. C'est très drôle... et vrai! De tous ces Présidents-Monarques Hollande plein de fatuité bat les records...

J'apprends que la belle brasserie "Chez Jenny" restée dans son décor des années trente a été rachetée et va disparaître à la fin de l'année. Brasserie qui fournissait une excellente choucroute comme j'ai pu le constater en janvier. Le salon de thé-pâtisserie "Dalloyau" à Bastille - il m'arrivait d'y acheter une bonne viennoiserie - est remplacé par un KFC ! Des commerces familiaux de qualité - on pourrait en trouver d'autres - qui disparaissent car pas assez rentable...

Le Figaro est formidable pour trouver des photos de la Reine-Maire... Là, elle apparaît sous son vrai jour. Méchanceté, autoritarisme, dureté. Elle souhaite transformer Paris à son image. Ma théorie est qu'elle n'aime pas Paris et surtout pas le Paris Haussmannien avec sa recherche du beau. J'ai peur qu'il sera dur de s'en débarrasser.

Commençons le mois par la traditionnelle photo commentée. Photo prise le mois dernier en passant devant le Parvis de Notre-Dame. Un beau ciel printanier, des arbres formant un arc, des touristes allant et venant. Je la trouve assez réussie et même belle.