Retour de Bandol (Var). Une semaine à profiter d'un ciel bleu et d'une Méditerranée agitée par un Mistral assez fort parfois - ce qui nous a permis d'avoir beaucoup de soleil.

Sinon la petite place de l'église avec sa fontaine, ses platanes et son petit marché hebdomadaire est charmante.
Il y fait bon vivre.
On a pu admirer aussi quelques belles propriétés...

Préparatifs pour le départ demain à Bandol. Une semaine de repos, peut-être avec le soleil...

Photo prise ce matin même de mon bureau où pour la première fois

je peux ouvrir la fenêtre sur le balcon sous un beau petit soleil printanier. Écouter le silence du jardin et de l'école maternelle bien calme quand les enfants sont en vacances.

Devant attendre plus de deux heures le changement des plaquettes de freins de mon vélo, je vais les passer à la BNF site François Mitterrand. J'aime ce lieu assez luxueux - moquette rouge non usée, parquets, luminaires - et bien entretenu vu la fréquentation - aujourd'hui on annonce que les salles de lecture sont saturées. Cela me fait plaisir de voir tous ces jeunes - la plupart d'origine étrangère - travailler,lire, discuter calmement. La librairie est certainement une des mieux achalandées de Paris. J'ai toujours envie d'acheter plusieurs livres, mais c'est la place qui me manque - aujourd'hui, par exemple, un beau livre sur les portraits de Memling...

J'ai découvert Ronit Elkabetz,

il y a quelques années avec "La Visite de la fanfare". Cinéaste - actrice, réalisatrice - israélienne de grand talent. Sa beauté pleine d'énergie m'avait subjugué. Elle aimait la France où elle avait séjourné. Elle avait appris le français dans lequel elle s'exprimait très bien. Tous les médias annoncent sa mort, aujourd'hui même, à l'âge de 51 ans. Reste ses films que j'irai voir.

Belle rétrospective Paul Klee (1879-1940) au Centre Pompidou avec pour fil conducteur l'ironie - où l'on s'aperçoit de la force de l'ironie. Cinquante ans d'histoire traversés de cette époque si riche, tourmentée où plus rien ne sera comme avant. Peintre allemand né en Suisse qui m'accompagne depuis 50 ans avec une grande et belle litho (La légende du Nil). Il a connu Dada, puis le Cubisme. Il a participé à la première exposition surréaliste à Paris. Il a été professeur au Bauhaus. Il a connu Picasso qui l'a beaucoup influencé. Chassé du Bauhaus par les nazis il se réfugie en Suisse à Berne - Picasso et Braque viendront le voir en 1937. Mort à Berne un grand musée lui rend hommage dont une de ces dernières grandes œuvres ci-dessous:

Paul Klee, Insula dulcamara, 1938 Huile et couleur à la colle sur papier sur toile de jute 88 x 176 cm Berne, Zentrum Paul Klee © domaine public

Ce matin à France Inter l'historien spécialiste du XIXe Alain Corbin présente son dernier livre "Histoire du silence". Je l'avais déjà entendu et il m'avait donné envie de le lire.
Le dimanche matin c'est le calme absolu : pas de voitures au loin Boulevard Voltaire, pas de jeunes qui traînent, pas de scooters. J'aime ce calme du dimanche matin quand les gens dorment encore. Seul ce matin, j'ai écouté le silence, alors que le plus souvent j'écoute la radio, de la musique, des chansons.

Centenaire de la Grande Guerre de 1914-1918.
Entrain de lire "Écrivains dans la Grande Guerre" de France-Marie Frémeaux - docteur en littérature comparée . C'est un panorama complet des écrivains français mais aussi quelques étrangers comme Hemingway, Cendrars, Dos Passos, Stefan Zweig, Ernst Jünger,... Elle passe en revue - c'est un peu long mais passionnant - chacun de sa naissance à sa mort et montre comment il a été marqué par cette guerre. Elle montre comment aussi cette guerre s'est prolongée de 1919 à 1939 puis la deuxième guerre. Elle commence par Apollinaire et le martyr de ce grand poète mort à la fin de la guerre de la grippe espagnole. Il y a évidemment les grands écrivains tués dans cette grande boucherie inutile comme Péguy, mais tous les écrivains du siècle ont été marqués d'une manière ou d''une autre et comment leur œuvre a été marquée par cette terrible guerre.

Cette année le conservatoire du XIIe a monté la comédie musicale "La Mélodie du Bonheur". Je résume: une novice est mise à l'épreuve par sa Sœur Supérieure, elle doit aller s'occuper des sept enfants d'un veuf. Elle ne retournera pas au couvent... Ils tomberont amoureux, se marieront ! On est en Autriche en 1938. C'est l'Anschluss, la famille est menacée. Elle devra quitter le pays.
Vraiment une belle réussite: orchestre, décor, mise en scène. Des jeunes plein d’enthousiasme jouant, chantant, dansant.
Des enfants formidables. Les deux acteurs principaux que l'on voit ci-dessous, entourés des enfants, ont un réel talent.

Flammarion, vu la notoriété de l'auteur, a réuni un certain nombre de textes de Michel Houellebecq "Interventions 2" (2009). J'en connaissais quelques uns. Parfois j'ai souri mais je trouve que d'autres ont vieilli.
C'est évidemment le risque quand, comme Houellebecq, on pense avoir un avis sur tout et rien; même si son style est inimitable.

Une grande bouffée d'air frais avec "Merci Patron !" le film de François Ruffin - journaliste à Fakir, journal indépendant et alternatif. Une belle charge contre Bernard Arnault qui a construit sa fortune - la 1ère de France - en licenciant des milliers d'ouvriers, en particulier dans le nord, en cherchant toujours de la main d’œuvre moins chère.

François Ruffin, diablement sympathique, joue son propre rôle et conduit cette attaque avec finesse, intelligence et surtout humour. La famille, qui risque de voir sa maison et ses meubles saisis, qu'il défend est formidable ainsi que cette Picardie sinistrée - que j'aime tant. Vraiment de l'air frais... dans notre monde qui va si mal.

Enfin les critiques de la gestion

catastrophique de la région Poitou-Charente par Ségolène Royal - celle qui ne doute pas de son génie et se considère comme vice-présidente - arrivent. La photo ci-contre montre sa méchanceté, son incompétence, sa suffisance.

De ma fenêtre.
Vers 20h agitation au pied de mon balcon-nord chez "DPA" - Dominique Perrault Architecte. Dominique Perrault est l'architecte qui remporta le concours de la BNF François Mitterrand; son atelier occupe un grand bâtiment juste en face de mon balcon. Il s'agissait, en fait, de policiers chargés de la sécurité du clown triste de l’Élysée qui arrive vers 21 h, tout fier de lui... Dîner strictement privé avec Dominique Perrault qui s'est vu attribué la "Mission d'étude et d'orientation sur l'avenir de l'Ile de la Cité".

La police de "proximité" était une des nombreuses promesses du clown triste de l’Élysée. La voilà en pleine action dans les gaz lacrymogènes, Place de la Nation à la fin de la manifestation d'aujourd'hui...

Dans quel état va-t-il laisser notre pays?

La Galerie Paris-Beijing spécialisée dans l'Art contemporain chinois expose une quinzaine d’œuvres de différents "artistes" dont ce char

réalisé avec des billets de 1 Renminbi par un dénommé Xu Zhen. Alors que la galerie parle d'irrévérences et de provocations je trouve cela banal, conformiste et déjà vu.

Je me souviens que Wang Du avait fait, au Palais de Tokyo il y a quelques années, quelque chose de beaucoup plus fort pour dénoncer les massacres de Tiananmen. Il vit en France.

Inaugurée en grande pompe il y a deux jours la Canopée des Halles - prouesse technique sans aucun doute - ne pourra jamais faire oublier les anciennes Halles. Tout cela n'est encore qu'un immense chantier...

On nous dit que dans deux ans tout sera fini... L'ensemble abrite encore plus de banales boutiques, ce qui contribuera à la paupérisation du commerce que l'on peut observer dans beaucoup de quartiers.
Lire et relire évidemment le livre de Louis Chevalier "L’Assassinat de Paris". Il avait malheureusement raison. Et cette "canopée" n'abritera à jamais qu'un immense trou...

Un beau soleil de printemps nous permet de profiter de notre balcon-sud et du calme du jardin.
Là je suis heureux. Jing en a bien profité aussi.

Georges Perec dans "W ou le souvenir d'enfance" mêle deux récits, l'un de son voyage à W, cité imaginaire vivant selon l'idéal olympique et l'autre de ses souvenirs d'enfance en particulier pendant la guerre. Pour le deuxième il commence ainsi:
"Je n’ai pas de souvenirs d’enfance. Jusqu’à ma douzième année à peu près, mon histoire tient en quelques lignes : j’ai perdu mon père à quatre ans, ma mère à six ; j’ai passé la guerre dans diverses pensions de Villard-de-Lans. En 1945, la sœur de mon père et son mari m’adoptèrent."
C'est très beau.
Ses parents juifs polonais sont en effet morts dans les circonstances dramatiques de la guerre. Son père en juin 40 les armes à la main et sa mère en déportation à Auschwitz en 1943. Sa mère lui aura sauvé la vie en l'envoyant à Villard-de-Lans en zone non occupée. Le récit de son départ à la gare de Lyon est très émouvant.
Comment vivre après cela ?

Le rôle du "Mémorial de la Shoah" est de maintenir vivant le souvenir du martyr des juifs. Le "Mur des Noms" et une crypte ne peuvent que nous inciter à nous recueillir comme je le fais quand j'y vais. Aujourd'hui c'est pour voir l'exposition "Après la Shoah". Le moins que l'on puisse dire c'est que les survivants n'ont pas été accueillis à bras ouverts... La solidarité juive traditionnelle a joué à plein pour remplacer les autorités défaillantes.

Présentation, hier, du coup de cœur du Jury Guimet "Back to the North" de Liu Hao au Festival du cinéma asiatique de Vesoul. Xiao Ai, la vingtaine, fille unique bien sûr, vit seule avec sa mère, son père est parti au nord pour travailler dur dans la sidérurgie et "vivre sa vie". Elle vient de trouver un travail dans une usine textile à Chongqing - le fleuve bleu magnifique avec ses bacs pour le traverser, où sa mère travaille. Elle apprend que, sans doute, ses jours sont comptés en raison d'une arythmie. Elle s’inquiète pour sa mère si elle venait à disparaître. Liu Hao traite ainsi de la politique de l'enfant unique et des parents qui perdent leur enfant. Les enfants devant s'occuper des parents en Chine.
Film en noir et blanc avec des plans très travaillés et une photo magnifique. On voit cette famille vivre la réalité de la vie chinoise des classes moyennes. Passionnant. On s'attache à la jeune actrice - Nan Sheng, 24 ans - qui joue juste. Elle arrivera à convaincre ses parents de retourner en Mongolie intérieure, au nord de la Chine, là où ils se sont connus... pour qu'ils se retrouvent et d'avoir, éventuellement, un deuxième enfant... Une belle histoire, sans mélo.

La jeune actrice Nan Sheng

La famille réunie en Mongolie Intérieure

Commençons le mois par une "photo" commentée - provenant de la Newsletter de Gallimard à l’occasion de la sortie ce jour du dernier livre d'Annie Ernaux que je tiens pour une des plus grandes écrivaines vivantes. Je vais le lire le plus rapidement possible. J'ai lu toutes son œuvre. Le Monde des Livres a fait une pleine page sous le titre : "Fille de rien", grand écrivain.