Le récit autobiographique de Didier Eribon "Retour à Reims" est un magnifique témoignage sur les années 60-70. A l'occasion de la mort de son père il retourne à Reims où il a passé son enfance et sa jeunesse dans un milieu ouvrier, peu cultivé. Il raconte comment - au contraire de son frère - il a tout fait pour échapper à ce déterminisme social pour arriver à sa consécration en tant que professeur d'université de sociologie. Grand livre de sociologie sur cette France des années 60 et la violence sociale qui y régnait.
J'ai vraiment envie de citer quelques phrases de l'épilogue : "Mon propre père? Le cœur serré, je repensai à lui et regrettai de ne pas l'avoir revu. De ne pas avoir cherché à le comprendre. Ou tenté autrefois de lui parler. D'avoir, en fait laissé la violence du monde social l'emporter sur moi, comme elle l'avait emporté sur lui."
Au début de ce récit quand sa mère lui annonce la mort de son père, il écrit : "Je ne l'aimais pas. Je ne l'avais jamais aimé. ... je n'avais jamais cherché à le revoir une dernière fois." Terrible.