Dans son livre passionnant Jean Ziegler "La haine de l'Occident", qui fût député socialiste de Genève pendant de nombreuses années, où il dissèque la façon dont l'Occident exploite les pays du sud écrit dans son épilogue : Dans l'hémisphère Sud, les épidémies, la faim, l'eau polluée et les guerres civiles dues à la misère détruisent chaque année presque autant d'êtres humains que la Seconde Guerre mondiale en six ans. Sans commentaires.

Jean Ziegler dans "La haine de l'Occident" explique avec sa précision habituelle pourquoi les pays du sud nous détestent. Il traite entre autres exemples le cas du Nigéria 8ème producteur mondial de pétrole qui doit importer tous les produits raffinés car les grandes transnationales en ont décidé ainsi... L'essence manque et on fait la queue pendant des heures pour en avoir. Pays aux grandes richesses qui fait ainsi partie des 20 pays les plus pauvres de la planète !

Le festival du film chinois nous permet de voir encore un film remarquable « The Ferry » (la traduction française "Le bac" est meilleure) de Shi Wei.. Film magnifique, on est au cœur de la Chine rurale qui permet de comprendre les chinois. De plus c'est une merveille de cinéma: acteurs authentiques, belle photographie de la rivière et des deux rives, musique, scénario solide.
Exceptionnellement un petit copier-coller de la présentation du film lors de Festival de Vesoul (2014):
"Inspiré d’une histoire vraie, le film dépeint la vie d’un homme qui, pour rester fidèle à la tradition de ses ancêtres, continue à faire gratuitement passer la rivière aux villageois dans son vieux bateau. Sa femme est morte, son fils parti travailler ailleurs. Il faut que le vieil homme tombe malade pour que son fils vienne lui rendre visite ; il essaie alors de comprendre les motivations qui poussent son père, et trois générations de passeurs avant lui, dans la famille, à pratiquer cette activité bénévolement… une sorte de promesse, en fait, et le fils se demande s’il ne va pas lui falloir remplacer son père. C’est un film lent et introspectif, filmé au fil de l’eau qui passe."

Petit goûter "Chez Elliott" avec notre amie Xiang Qi. Traiteur chinois bien tenu avec une décoration originale et moderne. J'achète des gâteaux chez Gosselin en face. Elle nous fait du thé.

L'exposition à l'Hôtel de Ville "Arménie 1915 : Centenaire du génocide" montre des scènes que l'on reverra 30 ans plus tard avec la Shoah. Des populations déplacées dans des wagons à moutons, des pendaisons publiques, des enfants squelettiques aux regards vides, des camps de concentration,etc... Persécution de tout un peuple commencée dès le début du siècle, dans l'indifférence internationale, pour atteindre son apogée en 1915-1916.
Le 20e siècle était bien mal parti. Je n'ai pas le sentiment, malheureusement, que le 21e soit mieux parti...

Une galerie du 79 rue du temple - magnifique hôtel particulier de style Louis XIV - présente les nouvelles vidéos de Yang Fudong "The Coloured Sky: New Women II". Une merveille de fraîcheur, de beauté pure, de couleur évidemment.
Extraits d'un entretien avec l'auteur : "Mon film dépeint une superbe image féminine mais c'est une femme idéale bien loin de la réalité. Pour moi New Women II relève d'un sentiment coloré lié à un souvenir d'enfance...New Women II s'intéresse ... à l'intimité de ces jeunes filles. Chacune d'elle a un secret qu'elle garde pour elle..."

Quel vilain temps pour un lundi de Pentecôte !
Un peu de réconfort avec la belle grille bleue de Catherine Labouré dont j'ai souvent parlé. Je ne sais pourquoi, je l'aime beaucoup. Elle va disparaître, elle faisait partie du quartier et de la rue de Reuilly, d'ailleurs les passants s'arrêtent pour regarder ces travaux, un peu triste...

Le Festival Jazz à Saint-Germain propose le 1er dimanche après-midi des formations conduites par des femmes, cette année en première partie c'est "Utopia Quartet" avec Leïla Olivesi -compositrice, voix, piano- accompagnée à la guitare de Manu Codja, à la batterie Donald Kontomanou et à la contrebasse Yoni Zelnik. Il faut citer les quatre musiciens car ils sont excellents -longue formation, obtention de prix, participation à de nombreuses formations - et c'est toujours cette association qui peut faire merveille, comme aujourd'hui. Venant d'horizon très différent, ils jouent dans la joie depuis 10 ans.

Leïla Olivesi sait faire partager son bonheur d'être là devant l'église Saint-Germain des prés.

Jean-Michel Ferran, le directeur du Conservatoire du XIIe, dont j'ai déjà parlé, aime à prendre des risques. Pari risqué et réussi avec le "Don Giovanni" de Mozart. Il a dirigé comme d'habitude "son" orchestre avec brio, une petite troupe de danseuses bien efficace et surtout des interprètes formidables plein de talent. Des jeunes qui méritent de réussir.

Un des derniers tableaux.La mort des perfides est toujours semblable à leur vie

Première journée où je peux, et prends le temps, de profiter de notre balcon fleuri et ensoleillé.
Temps calme et apaisé après avoir eu beaucoup de vent et de pluie durant ce mois de mai qui est bien avancé.
Balcon prolongement de mon bureau c'est agréable.

Avec "Pour Jean Prévost" Jérôme Garcin a voulu faire sortir de l'ombre cet écrivain de l'entre-deux guerres. Déjà il m'avait fait lire le magnifique "Dix-huitième année" - que j'ai dans ma bibliothèque.
Il en a fait un beau portrait. Curieux de tout, une force de la nature, humaniste, HenriIV - il aura Alain comme professeur de philosophie - puis normalien, il sera un des rares intellectuels de ce niveau à entrer dans la résistance active. Capitaine Goderville dans le maquis du Vercors où il sera tué, un peu bêtement, le 1er août 1944.
Il a énormément publié, il a connu Saint-Exupéry, Ramon Fernandez, Roger Martin du Gard.

Je viens d'acquérir le livre réalisé par l'Association pour la mémoire des enfants juifs déportés du XIe à partir des 1637 enfants juifs déportés de cet arrondissement très touché : "Fragments d'histoire(s) Lambeaux de mémoire".
Travail remarquable de documentation, de pédagogie et exhaustif. On passe de l'histoire des gens - photos, histoire, etc...- à celle de l'arrondissement, à l'histoire générale du génocide et au travail de mémoire indispensable avec les poses de plaques, nombreuses maintenant, sur les écoles et les cérémonies.

Xu Jinglei est la marraine, cette année, du Festival du cinéma Chinois en France, ci-contre c'est la photo du programme.

La classe absolue, l'intelligence, star en Chine - peu connue chez nous. Actrice-réalisatrice dans son dernier film présenté "Somewhere only we know" belle comédie romantique entièrement tournée à Prague. Elle y joue le rôle d'une grand-mère qui dans les années 50, après guerre, y vécut un amour-passion avant d'être contrainte par les événements de retourner en Chine. Grand-mère recherchée par une jeune étudiante chinoise qui a décidé de "faire la vie" ou de vivre (chacun son interprétation) qui rencontrera un jeune chinois vivant à Prague et vivra à son tour un grand amour, compliqué certes, mais qui finira "bien". Les histoires de ces deux femmes s’entrecroiseront dans un très beau montage grâce à une lettre retrouvée et à des dessins de la grand-mère par sa petite fille.
Formidablement attachant et vrai.

La maison de retraite Catherine Labouré avec sa belle grille bleue au 77 rue de Reuilly va être entièrement détruite pour laisser place à un ensemble "aux normes"... Y sera-t-on mieux et plus heureux ? Ce n'est pas sûr. Elle faisait partie du quartier depuis si longtemps... Jing y a travaillé. Je vais suivre les travaux à chaque fois que je passerai...

Destruction de la chapelle de la maison de retraite Catherine Labouré.

Inauguration de la médiathèque Françoise Sagan dans l'ancien Enclos Saint-Lazare.

Très belle rénovation de ces bâtiments utilisés par Saint-Vincent de Paul et la Congrégation des Lazaristes qu'il fondât. Des jardins. Une très belle réussite.

Une exposition sur Françoise Sagan qui s'imposait. Juliette Gréco était une de ses amies, elle lui a écrit des chansons mis en musique par Michel Magne.

"Bibliothèque Médicis" reçoit Julia Kristeva et Philippe Sollers - mariés en 1967 - pour parler de leur dernier ouvrage "Du mariage considéré comme un des beaux arts". Formé de dialogues sur le couple et l'expérience amoureuse entre deux étrangers, de surcroît écrivains et intellectuels.
Philippe Sollers, à propos de Diderot, fait une petite digression comme il les aime, en entonnant son couplet habituel sur l'ignorance de notre époque. "... c'est effarant, je veux dire la vulgarité explose, partout, dans la politique, dans la corruption générale... ça veut dire que l'ignorance est entrain d'exploser en même temps que l'ignorance..."
(Propos retranscrit à partir de l’enregistrement de l'émission).

Nouveau aller-retour à Charles de Gaulle.
Jing revient de Chine contente de son séjour.

Le passage à la télévision de Marceline Loridan-Ivens née Rozenberg, déportée à Birkenau-Auschwitz à l'âge de quinze ans avec son père durant l'été 44, venue présenter un livre de mémoire "Et tu n'es pas revenu" m'a donné envie de lire ce livre. Petit livre dense et bouleversant. Des phrases courtes. En 100 pages tout est dit. La vision du père à Auschwitz, alors qu'elle est internée à Birkenau, le retour, l'attente du retour du père qui lui ne reviendra pas. Le drame des rescapés. L'incompréhension générale.
Loridan est le nom de son premier mari et Ivens le nom de son deuxième le grand documentariste hollandais Joris Ivens, de 30 ans son aîné - qui avait l'âge de son père. Elle n'a jamais, contrairement à d'autres, voulu avoir d'enfant. Elle avait trop souffert dans sa chair.

Interview de Valérie Pécresse, candidate de l'UMP à la présidence de la région Ile-de-France, dans le Monde, sous le titre "Tolérance zéro contre la fraude dans les transports". Elle parle des transports. Elle va mettre fin à la fraude (70 millions de récupérer). Les noirs, les sans-papiers depuis longtemps nous bousculent pour ne pas payer sans que quiconque s'en émeuve... D'ailleurs 5% des amendes sont payées... Elle veut rétablir les contrôles, faire payer les amendes.
Elle a raison.
Cela nous changera du corrompu et incompétent Jean-Paul Huchon, "socialiste", à la tête de la région depuis plus de 10 ans empêché de se représenter par son propre parti.

A propos de certains jours fériés comme le 8 mai par exemple. C'est là que n'importe qui peut voir les deux "France" celle qui ne travaille pas : les fonctionnaires, les élus, les syndiqués, les nantis, les privilégiés et puis celle qui doit travailler les petits commerçants, les vendeuses, les intérimaires, les précaires tout ceux qui ont besoin d'argent et qui n'ont pas le choix...

Balade à vélo jusqu'au square Jean XXIII - c'est le nom du square de l’Archevêché - avec cette vue sur Notre-Dame unique. La Mairie de Paris a proposé à un chanteur des rues - Carciofo - d'animer le kiosque à musique. Des textes personnels, des mélodies, une belle voix. Ce n'est pas si mal.

La polémique soulevée par Emmanuel Todd, dont j'apprécie les travaux et la vision de notre société, à propos des manifestants du 11 janvier, suite à la tuerie des journalistes de Charlie Hebdo, me semble tout à fait justifié. Il soutient que c'était le fait d'une "France blanche". Il a raison et c'est pour cette raison que j'avais enlevé de mes posts et messages le fameux "Je suis Charlie". Très vite je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus aucun noirs et arabes dans les rues. Ils se sont cachés pendant quelques jours. D'ailleurs dans une petite ville comme Albert dans la Somme, sans aucune immigration, on a vu un rassemblement devant la Mairie de plusieurs centaines de personnes.
Le pouvoir, relayé par le PS, a essayé de récupérer l'émotion compréhensible. En tirera-t-il profit à long terme ? Rien de moins sûr.

Commémoration du 8 mai 1945. L'horreur nazie a pris fin il y a 75 ans. L'Europe est ravagée, la France dans la misère, villes détruites, on pleure ses morts,etc.. Tout sera à reconstruire.
Demain sera la journée de l'Europe qui a su nous faire vivre en paix dans le progrès et la liberté.

Bonne nuit à l'hôtel de la Basilique. Petit hôtel sympathique refait à neuf, en face de la Basilique Notre-Dame de Brebières avec sa vierge à l'enfant dorée qui fait la fierté d'Albert.

Ville reconstruite dans les années 30 avec deux influences l'une flamande et l'autre Art Déco. Ville aux trois clochers celui de la gare, de l'Hôtel de Ville (1932)- des vitraux remarquables, des lustres Art déco - et la Basilique.
Puis déjeuner avec Serge,

encore des souvenirs...Retour le soir. J'ai pris comme d'habitude beaucoup de photos en choisir deux n'est pas facile.
Peut-être encore une, un estaminet et avec la "Stella Artois" on est bien chez nous. Et puis j’aime cette brique si caractéristique.

Me voilà à Albert sous un temps orageux mais pas de pluie. Serge m'accueille avec chaleur. Il ne peut plus guère sortir de sa belle maison du Nord, de sa véranda, de son jardin avec au fond l'Ancre, petite rivière qui se jette dans la Somme.
Il y a un mois il était encore en pleine forme mais il est tombé et s'est fait mal au dos. On dine chez lui tout simplement. Vraiment content, il me raconte sa vie : décès de sa mère assez jeune, il avait dix ans, il se retrouve seul avec son père militaire pendant la guerre puis la résistance dans le sud-ouest, son mariage, sa belle-famille (mon oncle Robert et Marie la sœur de ma grand-mère), les six enfants, les petits enfants, la Poste où il a fait une belle carrière, il a fini receveur (catégorie A dans la fonction publique), il a une belle retraite, les voisins, le porte-drapeau qu'il fut aux cérémonies patriotiques, il a du arrêter il y a deux ans, ses dernières vacances (été 2014)en Bretagne chez une charmante voisine,etc.... Il est bavard et heureux de raconter cette vie bien remplie

Les hortillonnages entre Amiens et Albert pris du TER. Un ciel magnifique, de la lumière, une nature qui s'éveille.

La maison de Serge vue du jardin, il va jusqu'à l'Ancre. Une belle véranda au sud permet de profiter du soleil.

Encore un mot sur Julius Margolin - dont je parlais hier. Une fois libéré, rentré en Israël, il a consacré sa vie à faire vivre la mémoire de ces terribles camps soviétiques. Faire que les juifs soviétiques puissent être libérés et émigrés librement en Israël, faire admettre à nos sociétés occidentales l'existence des camps soviétiques et des souffrances endurées par les millions de prisonniers de ces camps et cela n'a pas était facile, loin de là !
Demain je vais à Albert (Somme), depuis des années je voulais y retourner et revoir Serge où nous allions en famille le dimanche, reçu avec chaleur par Serge et Marie-Lucie - malheureusement décédée en 2010 - une cousine à ma mère. Nous avons passé des moments que je ne peux oublier.

"Voyage au pays des Ze-Ka". Les "Ze-Ka" se sont les déportés des camps concentrationnaires soviétiques. J'ai mis du temps à le lire, 750 pages pour décrire la vie dans ces camps. Livre bouleversant, c'est une somme. Son auteur Julius Margolin, juif polonais, vivant heureux en Palestine avec sa famille, se trouve à Łódź en septembre 1939 quand la Pologne est dépecée par les nazis à l'ouest et les soviétiques à l'est. Łódź sera occupée par les Allemands. La persécution commence, création de ghettos,etc... Les juifs fuiront à l'est par milliers pour tomber aux mains des soviétiques où ils se trouveront déportés dans les camps des régions les plus inhospitalières de l'URSS. Julius Margolin sera fait prisonnier par les soviétiques à Pinsk sa ville natale avant d'être transféré pour cinq longues années de martyr absurde avant d'être libéré et de pouvoir retourner en Israël, retrouver les siens. Il en a fait une description minutieuse et intelligente. Destin tragique.

Benoît Jacquot, après Renoir (1946)et Bunuel (1964), s'attaque au "Journal d'une femme de chambre" (d'après le roman d’Octave Mirbeau qui, en son temps, fit scandale). Peinture sociale féroce montrant comment la domesticité était traitée dans des familles de possédant - en fait de rentiers et d’héritiers. Intrigue proche du roman avec le vol de l'argenterie de "Madame" par l'homme à tout faire et la femme de chambre. Ils iront s'établir à Cherbourg en reprenant un petit café.
Il me restait des images terribles des deux réalisations que je viens de citer. Bunuel avait réussi a crée un climat incroyable, en particulier dans la débauche des maîtres.
Léa Seydoux dans le rôle de Célestine est convaincante et s'en tire bien, Vincent London dans le rôle du jardinier-cocher est impressionnant.

Récital de piano de Jean Dubé - pianiste virtuose franco-canadien - dans la cadre de Mélomania. Liszt interprété avec puissance. Liszt c'est le romantisme, tous les pianistes l’interprètent, mais Jean Dubé le domine. En deuxième partie interprétation d’œuvres contemporaines de deux compositeurs présents : Denis Viskikis et Henri Nafilyan.
Alain Kremski sait attirer les meilleurs et faire aimer ses découvertes. Avant ce récital il a dit son bonheur d'être dans cette salle des fêtes de la Mairie du IVe avec "son" public. C'est vrai qu'il y a une ambiance que l'on ne trouve pas ailleurs.

A peine une semaine après avoir retrouvé la tombe de mon grand-père maternel je vais sur la tombe de mes grands-parents paternels que j'aimais tout autant, surtout ma grand-mère avec laquelle j'avais passé quelques journées dans son pavillon de Bécon-les-Bruyères.
Journées qui restent gravées à ma mémoire.

Ils reposent en paix tous les deux dans ce cimetière de Levallois-Perret au bord de la Seine avec les trains de la gare Saint-Lazare qui passent au loin.

Le pavillon de Bécon se trouvait devant ces mêmes voies ferrées.