Je n'ai rien dit du résultat des élections européennes. Résultats accablants que j'ai lu ville par ville dans Le Monde comme je l'ai toujours fait. Une France plus que jamais fracturée - entre les possédants et ceux de peu et les "territoires" comme on dit maintenant. Les électeurs légitimistes, le Parti de l'Ordre ont voté pour Macron (qualifié de populiste par certains). C'est le cas des grandes villes. Le vote de la peur a aussi bien fonctionné. Les anciennes régions industrielles (Nord, Est, arc méditerranéen) ont exprimé leur mécontentement en votant pour une autre populiste... Une curiosité. Il n'y a plus qu'une seule ville qui a porté le PCF en tête: Genevilliers. Incroyable.

Jeudi de l’Ascension. Un beau "pont" en perspective pour les parisiens... Je reste.

Dans ses lettres Violette Leduc se plaint souvent du "fourbi" quotidien à faire. P. 432 elle écrit à une amie le 17 juin 1968 : "Je suis revenue sous la pluie, j'ai lavé du linge, préparé mon dîner, fait la vaisselle, je vais essayer de lire Le Monde."
J'écrivais moi-même le 16 janvier 2018 : "Ménage, préparation des repas, courses, soldes, aller à la banque, radiateur qui fuit, etc... Les tracas divers m'occupent trop en ce moment."

La lecture des lettres de Violette Leduc me plonge dans la vie simple des gens modestes des années 60 - entraide avec son voisin de palier, une concierge qui pouvait vous rendre quelques services, un voisin bricoleur qui pouvait repeindre votre chambre, une voisine infirmière qui pouvait vous faire une piqûre, etc... Toutes choses que j'ai connu chez ma grand-mère qui a vécu soixante ans au cinquième d'un immeuble rue Custine. On vivait en bonne harmonie. Pas de mépris comme maintenant... Une époque révolue... Je m'en souviens très bien.

Je savais les encombrements au sommet du Mont-Blanc mais pas encore au sommet du "toit du monde" comme le montre cette photo prise le 23 mai avec cette queue d'alpinistes sur l'Everest. Certains sont morts en raison de l'attente.
Le monde devient fou... On peut multiplier les exemples, mais celui-là n'est pas mal...

Je pensais pouvoir me détendre - comme beaucoup de promeneurs en ce lieu - en regardant tranquillement les danseurs de Tango, assis sur les gradins du Jardin Tino Rossi donnant sur la Seine. Mais la "Mairie de Paris" nous en a empêché avec une "animation" qui consiste à faire du bruit avec une affreuse sono. Du bruit qui a chassé les danseurs. J'ai du partir aussi... La Mairie privilégie maintenant ce genre d'animation démagogique à la véritable culture...

Mélomania mensuel consacré à Robert Shumann avec deux cycles de lieder po.24 et 48 (Dichterliebe - l'amour du poète) sur des poèmes de Heine. Au chant Thibault Lam Quang accompagné au piano par Antoine de Grolée. Plus romantique il n'y a pas! Wenn ich in deine Augen seh... Ich hab im Traum geweinet... Ich wandelte unter den Baümen... Quelques titres de ces Lieder. Ich, Ich, Ich...
Entre ces deux séries Antoine de Grolée interprète de façon magistrale "La Grande Humoresque op.20" sept mouvements qui s’enchaînent en un immense souffle.

J'aime la rue de Turenne - vraiment proche en vélo. Il y a encore de beaux magasins de vêtements pour homme tenus par des juifs même si les galeries d'art progressent...

J'en profite pour visiter encore une église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement -époque Restauration. Elle doit en imposer comme ces gros piliers dans le style basilique romaine.

Un beau tableau "Le Christ descendu de la croix" de Delacroix (1844) loué pour sa beauté par Baudelaire :
"chef d'oeuvre qui laisse dans l'esprit un sillon profond de mélancolie".

Je le dis souvent la France n'est pas une véritable démocratie parlementaire. Mais là avec Macron et sa volonté d'être plébiscité on n'en prend pas le chemin. C'est le candidat officiel - envoi à toute la presse régionale d'une "tribune" à quelques jours des élections de dimanche - médias acquis à sa cause - convocations de plus en plus fréquentes de journalistes, en particulier ceux qui travaillent sur "l'affaire Benalla". Ne parlons pas de la manipulation de la police par le sinistre ministre Castaner le Sanguinaire... Ambiance très IIe Empire... Un Victor Hugo en parlerait mieux que moi...

Trouvé la "Correspondance 1945-1972" de Violette Leduc à la bibliothèque Faidherbe rebaptisée depuis cette année Médiathèque Violette Leduc - à juste titre puisqu'elle habitat pendant cette période (immédiat après-guerre) dans le quartier - une chambre puis un deux pièces au 20 rue Paul-Bert. Lecture passionnante de ses lettres à Simone de Beauvoir - avec Sartre elle l’aidât, à un ami Jacques Guérin - riche industriel philanthrope dont elle sera amoureuse vainement (il est homosexuel), à des lycéens de Rennes - alors âgée de 40 ans elle est arrivée à ses fins avec l'un d'entre eux mais échec avec un autre !. Une femme de lettres de cette riche époque - elle connaissait Jean Genet, Cocteau, Gide, etc... Un sacré numéro que je découvre.

Hier l'agriculture urbaine à Paris, aujourd'hui au marché d'Aligre c'est le parti animaliste qui fait campagne pour les élections européennes. J'entends la fin d'une phrase "animaux humains".... Des folles que je traite comme telles... Je me demande où les gens ont la tête, je suis inquiet pour notre monde occidental - repus, déboussolé. La folie gagne.

Le lundi matin c'est aller-retour au "Casino" de la Place de la Nation. Pauvre place dont il ne reste que deux platanes centenaires immenses... Des arbustes maigrichons, de la pelouse lépreuse voilà ce qui nous attend... Décroché ce panneau plastifié, plein de démagogie, vantant l'Agriculture Urbaine. Quelle aventure ! Je ne pensais pas voir de telles sornettes !

Besoin de housses de couette - les nôtres sont vraiment usagées. Aller-retour à "Ikéa" installé maintenant en plein cœur de Paris à la Madeleine. Une cohue incroyable dans ce temple de la consommation. Les gens se promènent... Vite, on trouve de belles housses "Made in Bangladesh" - là où lorsque les usines brûlent il y a quelques centaines de morts. Mondialisation oblige. Que font les écolos ? Ils font leur courses à Ikéa le dimanche après-midi...

Tombé par hasard sur "Les Bachiques Bouzouks" sur les quais, face à Notre-Dame. Je les ai souvent vu. Ils ont beaucoup de succès.

Trois musiciens, quelques chanteurs puis le public arrive. Un répertoire des plus classiques comme on aime - "Pour un flirt avec toi je ferai n'importe quoi..." Non je ne regrette rien de rien..." Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux,..." ...Il naviguait en pèr' peinard Sur la grand-mare des canards Et s'app'lait les Copains d'abord..."

Visite de l'église Notre-Dame des Blancs-Manteaux - encore une grande église parisienne intégrée à son quartier.

Une chaire remarquable (1749) - d'origine flamande- décorée de panneaux de marqueterie - étain, ivoire, nacre - avec bordure en bois sculpté et doré représentant des scènes bibliques.

Deux beaux bénitiers du XVIIe en marbre - un buste de Saint-Vincent-de-Paul - une nativité d'une naïveté incroyable - une Sainte famille au dessus des fonts baptismaux.

François Ruffin va à la rencontre des gilets jaunes sur les ronds-points en partant d'Amiens jusqu'à la Méditerranée à Montpellier. Cela donne un film "J'veux du soleil" réconfortant. Mais inquiétant sur la façon dont les médias ont rendu-compte de ce mouvement. Une haine incompréhensible le plus souvent. Là on rencontre des gens courageux, fiers, intelligents et travailleurs que j'oppose à la médiocrité et la morgue des dirigeants - en particulier celle de Macron qui n'est finalement qu'un grand bourgeois...
Le film ouvre sur une scène de violence policière à l'encontre de gens manifestant pacifiquement. Un ballet avec la chanson de Charles Trenet "Douce France" - Cher pays de mon enfance, ...etc...
Un cri d'amour dans ce monde de haine.

Le Monde de ce soir -daté du 16 mai donc - publie cette photo de l'Autel de Notre-Dame resté intact après le désastre du 15 avril. Doit-on y voir un signe? Pas pour ma part...
Déjà un mois.
Le temps toujours...

Reprise du vélo. Le matin on va à Aligre, on n'avait plus rien. L'après-midi encore le tour du quartier à vélo pour différentes courses et le plaisir.

Ma première sortie depuis cinq jours sera pour aller jouer au tarot. Je reviens content mais un peu fatigué car on n'arrête pas... Aller-retour en métro.

Attrapé une bonne crève mardi dernier et je ne suis plus sorti depuis mercredi. Optimiste je pensais m'en tirer "comme ça". Jeudi, rien à faire, je suis contraint à appeler SOS Médecins - bien utile dans ces cas. Antibiotique et "tout le toutim" - expression qui me revient de mon coiffeur, le père Cholet, qui avait une petite boutique en face des usines Bernard Moteurs à Suresnes. Une époque où il y avait des usines, des gens qui avait de l'épaisseur. Par exemple ce père Cholet allait à la pêche au Bois de Boulogne le lundi, jour de fermeture. Il parlait un beau français populaire plein de bon sens. Une autre époque... C'était il y a plus de 50 ans...

Les 30 dernières pages du "roman" de Erri de Luca sont merveilleuses. Amour de la langue italienne [Je ne serais pas un exilé, parce que j'emporte avec moi la langue italienne qui me permet de vivre partout.] Amour de la Vie [Quelle puissance la vie, elle passe au-dessus de tout.] Amour de la littérature et des mots [En littérature, l'indescriptible n'existe pas. Ce n'est pas un acte de foi envers les mots. C'est l'étincelle de bonheur qui libère de l'enthousiasme quand on trouve les bons.] Reste les souvenirs des siens, de sa vie, on pense à la mort. Pour finir encore deux citations :
[Tu revois ta vie et tu songes à comment t'en sortir sans passer par un lit d'hôpital, suspendu aux fils d'un marionnettiste.]
[Je suis le reste de ceux qui sont devenus des absents, qui se retrouvent dans mes souvenirs et qui continuent leur existence en moi.]

Hier soir Erri de Luca était invité à la radio pour son dernier livre "Le Tour de l'oie" que je suis entrain de lire. Coïncidence bienvenue car c'est un Homme exceptionnel. Une vie bien remplie. Intellectuel sachant tout faire de ses mains... Je lis ce livre un peu comme un testament. C'est un dialogue avec son fils qu'il n'a jamais eu. Sa vie défile. Napoli, ses parents, l'engagement politique avec "Lotta continua", dix-huit ans passés à l'usine, la solitude maintenant proche de la nature,etc. Courts paragraphes qui se succèdent avec une belle langue. De la poésie. Un régal.

On aime les commémorations... Aujourd'hui c'est la journée de l'Europe. J'ai déjà dit, souvent, que j'avais mal à mon Europe surtout après les espoirs d'il y a deux ans... Espoirs bien dissipés.

Mon blog est, comme ce beau sablier ancien, un instrument à mesurer le temps. Le temps qui passe. Le passé, le présent. Peut-être le futur ? Dans les "Memento Mori" du siècle d'or Hollandais le sablier mesure le temps qui passe inexorablement... Temps rythmé par les saisons, les dates historiques, les événements exceptionnels, etc... Aujourd'hui 8 mai on commémore la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. Date qui revient donc tous les ans... J'en ai déjà parlé. C'est une date importante.

Ma Jian dans "China Dream" décrit la Chine de Xi Jinping avec humour et justesse. On comprend qu'il soit indésirable dans son pays... Un fonctionnaire, bien corrompu, a gravi les échelons de la bureaucratie et se retrouve directeur du "Bureau du Rêve Chinois" dans une ville de province. Tout le passé maoïste doit être effacé. C'est la consigne de Xi qui veut une Chine sans mémoire. Mais pour ce fonctionnaire, ancien garde-rouge ayant même pousser ses parents au suicide, les souvenirs - transcrits en italique -se mêlent à la réalité et lui poseront des problèmes. C'est très drôle.

Je reviens sur le récital d'orgue donné hier en fin d'après-midi à Saint-Eustache. Concert dont le but est de promouvoir la restauration du grand orgue reconstruit il y a 30 ans. Un instrument exceptionnel.

Ce sera l'occasion d'entendre de grands artistes comme Eugenio Maria Fagiani - titulaire à Arezzo et organiste de l'orchestre Sinfonia di Milano LaVerdi - en pleine action avec un des organistes titulaires.

Poursuite de la visite des églises parisiennes avec Saint-Eustache.

Construite selon le modèle de Notre-Dame, elle est aussi grande. Impressionné par les hauts piliers gris finement sculptés - 33 m de hauteur à la croisée du transept. Eglise ancienne. Louis XIV y fit sa première communion. Colbert, Rameau, entre autres, y sont inhumés. Ce fut de 1813 à 1823 la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul. Le temps nous aura manqué car on tombe par hasard sur un récital d'orgue donné par Eugenio Maria Fagiani, organiste italien de renom, sur le grand orgue - un des plus beaux de France.

La manifestation des gilets jaunes - pour le XXVe samedi de suite - passe au pied de mon immeuble au carrefour de la rue de Montreuil et de la rue des Boulets. Dans le calme aujourd'hui.
Enfin, enfin on parle des violences policières, de l'incompétence et des mensonges du ministre de l'Intérieur! Il était plus que temps après tant de brutalités inutiles. 1400 intellectuels - artistes, écrivains emmenés par Edouard Louis et Annie Ernaux ont signé un texte indiquant qu'ils ne sont pas dupes des manœuvres de ce pouvoir affaibli.

Émouvante exposition à la BNF "Manuscrits de l'extrême - Prison, passion, péril, possession". Quelques exemples des manuscrits présentés: une lettre à Louise de Guillaume Appolinaire, un cahier de travail (1895-1896)d'Alfred Dreyfus qui remplit des pages de calcul pour tenir lors de sa détention très dure, l'agenda de Nathalie Sarraute qui à la date de décès de son mari écrit simplement au crayon "2h du matin", une lettre anonyme de menace de mort adressée à Jean-Paul Sartre lors de la Guerre d'Algérie, le Livre d'Heures de Marie-Antoinette annoté avant son exécution le 26 octobre 1793 à 4h1/2 du matin avec sa belle signature, etc...

Obsèques cette après-midi à Saint-Pierre-de-Montmartre de Dick Rivers décédé la semaine dernière le jour de ses 74 ans alors que nous étions à Saint-Cast. Je le trouvais sincère et sympathique.

Coïncidence son manager l'avait amené une semaine l'automne dernier se reposer à Saint-Cast. On les voit là sur la grande plage. Des tubes comme "Twist à Saint-Tropez" et "Est-ce que tu le sais" resteront. Toute sa vie il était resté fidèle au rock'n'roll de sa jeunesse.

Des images du cortège du 1er mai que l'on ne verra pas dans les médias... Une foule joyeuse. Des jeunes, des femmes, des gilets jaunes. Des gens matraqués, gazés par la police aux mains du pouvoir.

Les voilà les "nervis" du pouvoir à moto. On ne sait pas trop d'où ils sortent. Leur rôle intimider, créer du désordre et des violences. Vieille habitude de la police parisienne...

D'autres arrivent en voiture par deux, trois. Ils sont bien équipés mais non identifiés - bien sûr. Des têtes de voyou, bien payés sans doute... Tout cela indique un pouvoir acculé et qui cherche à sauver sa peau.